Figure paradigmatique de la décomposition avancée
des
institutions de la Ve République, Nicolas Sarkozy a su
s’imposer au cours des derniers mois comme le sauveur de
toutes
les situations scabreuses auxquelles est confrontée
l’actuelle majorité. Il aura fallu pour cela une
campagne
de communication adroitement menée et relayée
dans la
presse et sur les ondes.
Si le ministre de l’intérieur est
aujourd’hui en
mesure de répondre aux questions posées dans tous
les
domaines de la vie politique, c’est qu’il est le
premier
à les poser et qu’au besoin, il les provoque. Sans
que
quiconque d’autre ait eu le loisir de poser une autre
question ou
de la poser autrement. C’est là que
réside son
génie de la communication. Et dans la bonne
volonté des
medias à se plier au cadre qu’il a
fixé.
L’absence de réflexion politique, le
dénigrement
systématique de toute alternative, le silence qui recouvre
toute
tentative de résistance, font le lit de ce qu’il
faut bien
nommer un totalitarisme.
La
question des banlieues
Il a su, avant même les premiers incendies dans les
banlieues, se
composer une image détonante dans notre pays, jusque
là
peu touché par les dérives hollywoodiennes dont
on se
gaussait quand elles se manifestaient de l’autre
côté de l’Atlantique. Mieux
qu’Arnold
Schwarzenegger : il suffisait à
l’époque
d’allumer la télé pour trembler (ou se
pâmer)
devant notre Terminator national entouré de ses robocops. Et
comme le scénario manquait d’argument dramatique
pour
être crédible, c’est lui-même
qui a
trouvé les mots qui,
répétés en boucle par
tous les éditorialistes, allaient alimenter la bande annonce
de
sa série. « Karcher », «
racaille »...
Les mots sont forts ? Normal, ils sont faits pour frapper. Mais ce qui
aurait pu passer pour une série de bourdes a
été
curieusement récupéré à son
avantage.
On connaît la suite : ...[
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