C'est Sébastien Paquet qui m'a mis sur la piste de cet article de Richard Gail, Transforming Information into Knowledge - Information Glut and Knowledge Creation in Biotechnology (juin 2001). Il s'agit à mes yeux d'une contribution importante car elle stipule que l'acquisition de la connaissance procède d'un processus social.
Tout d'abord Gayle réitère l'axiome bien connu à savoir que l'information n'équivaut pas à la connaissance : Information may be ubiquitous but knowledge can be unique. Il en découle qu'il faut manipuler l'information pour qu'elle acquiert sa consistance de connaissance.
Gayle utilise ensuite la théorie de Nonaka et Takeuchis exprimée dans leur livre The Knowledge-Creating Company (Oxford University Press, Incorporated, 1995) pour articuler l'émergence de toute nouvelle connaissance autour de deux types de savoirs : la connaissance tacite (interprétation personnelle d'un concept, p. ex. « l'expérience de rouler à bicyclette ») et la connaissance explicite (celle qu'on peut exprimer en mots et chiffres). La théorie propose que la conversion d'une forme de connaissance à une autre entraîne souvent la création de nouvelles connaissances.
Ouvrons une parenthèse. Une faiblesse de l'article réside dans l'absence d'exemples pour illustrer les concepts. La suite étant très pertinente, il faut tenter d'en saisir les prémisses. Je me hasarde donc à fournir un exemple, dans l'attente de me taper le livre... (commentaires SVP!) Considérez le graphique illustrant la théorie. Il indique qu'en situation de socialisation ou de mentorat, une personne ayant une connaissance tacite d'un sujet ( p. ex. le degré de température requis pour saisir un steak sur le BBQ) et qui convertit cette connaissance tacite en une autre connaissance tacite (p. ex. qu'il ne faut pas griller trop longtemps à une telle température) est susceptible d'acquérir au passage de nouvelles connaissances (p. ex. que la viande de poisson est structurellement différente de la viande de boeuf). Chaque quadrant indique (je crois!) le type de situation donnant lieu aux quatre types de conversion de la connaissance ET l'émergence possible de nouvelle connaissance, qu'elle soit tacite ou explicite.
Pas étonnant que l'auteur décrive le tout en parlant de spirale qui fait avancer la connaissance (j'en suis tout étourdi moi-même) : Each of these areas can serve to stimulate another and the process of knowledge creation can start in any one. It resembles a spiral, with each process feeding into another, moving upward, creating further knowledge and leading to another round. [...] ...socialization events allowed combinations to occur, resulting in internalization of the knowledge, leading to externalization and a subsequent rise up the spiral of knowledge. Tout ceci n'est pas particulièrement limpide MAIS les idées qui suivent conviennent particulièrement à nos visées (c.-à-d. documenter l'adoption du K-log comme système corporatif de gestion de la connaissance) :
For progress up the spiral to continue, it must take place in an open system where knowledge is constantly exchanged and critiqued.
Voyez-vous pointer le cybercarnet, milieu idéal pour un tel processus? L'auteur parle pour sa part d'intranet (The best technology platform for a value shop model is the intranet) mais il y a fort à parier qu'il révise en ce moment sa théorie pour l'articuler autour du blogue! Ajoutons d'autres points clés à l'appui de l'adoption du blogue comme système de gestion de la connaissance :
Based on Nonaka and Takeuchi's observations, true knowledge management is principally people management.
Knowledge creation (...) requires people... It requires the creation of a community of interest that can socialize, externalize, combine and internalize the data, allowing new knowledge to come forth. It emerges from the personal interactions, conversations and contemplations of people.
Knowledge production in organizations is an emergent social process. Human social systems, by their intrinsic nature, give rise to collective knowledge-making by their members as a byproduct of their individual learning and interpersonal interactions. (citation tirée de Mark W. McElroy (The New Knowledge Management, (2000) Journal of the KMCI,1:43))
En définitive, cet article exprime très clairement que:
- L'information doit bien sûr être manipulée pour se transformer en connaissance.
- L'intéraction sociale, la rencontre des cerveaux présente le médium incontournable de l'acquisition de nouvelles connaissances.
- L'intranet peut servir à ces fins; personnellement je suggère que le blogue le fera mieux.
- La création de communautés d'intérêts et la diversification des intérêts des membres de ces communautés est garante du dynamisme dans l'acquisition de la connaissance.
Parmi les points faibles, mentionnons le flou artistique des concepts et les inférences non documentées qui rendent le rapport et la discussion ardus : je devrai sans contredit me taper le livre!
3:26:12 PM
|