8 avril, 2002 | |
Réponse à un pas très humble
« En passant grande rousse, doit-on dire sur Internet, ou dans Internet? Je te laisse t'amuser avec cette grande question existentielle.» Michel Dumais, le Devoir 8 avril 2002 (« En français dans le blogue »). NDLGR : désolée, les hyperliens du Devoir vers les archives ne fonctionnent plus depuis la mise en place de leur nouveau site (mis à jour le 5 juillet 2002). Cher pas très humble, votre colle n’en est pas vraiment une, mais il me fera plaisir d’y répondre ici, puisqu’agir autrement ne siérait pas à la politesse qui vous est due et que, bien sûr, vous méritez (d’autant plus que le mec a fait mention de mes carnets ;o). Je vous concède cependant que vous avez commis le mot « amuser » et voilà ce que je ferai. C'est écrit ! Propositions de prépositions : dans, sur ou via Internet ?
Sur Internet et dans Internet sont toutes deux acceptées par les grands manitous de la langue. Mais j’y ajouterai (évidemment) mon grain de sel. Les verbes les plus fréquemment utilisés en conjonction avec Internet sont sans nul doute surfer (qui a une connotation plus ludique) et naviguer (qui fait, sans contredit, plus sérieux). Or, ces deux verbes appellent l’utilisation de la préposition sur, que je suggère fortement (et je ne suis pas la seule). Quant à l’usage du déterminant devant le mot, il ne serait pas nécessaire, selon l’OLF (clé de recherche : naviguer), principalement par ce qu’Internet est considéré comme un nom propre. Et je tique (oui, encore). J’aborderai donc séance tenante le cas du via (pas gras ;-) car c’est en partie sur elle (la préposition) que repose ma modeste opinion. Pour certains, via juxtaposé à Internet serait un faux ami. Pour d’autres, qui ne considèrent pas l’Internet comme un intermédiaire (je suis de celles-là - permettez-moi l'emploi du féminin ici), mais bien comme un endroit virtuel : « l’autoroute du cyberespace », l’emploi de la préposition via serait tout à fait justifié. Dans cette optique, via serait au virtuel ce qu’il est au commun des transports. Comme on dit via le Canada, les États-Unis, l’Italie, ou plus simplement, la Transcanadienne, pour y expliquer un passage transitoire, on dira via l’Internet. Logiquement, comme on dit via Rome (puisque tous les chemins y mènent) ou via Montréal (bienvenue chez nous !), le déterminant devrait tomber lorsqu’on mentionne un arrêt ou un passage sur un site, (via les coups de langue de la grande rousse, par exemple). Prudence, tout de même, car si vous mentionnez que vous avez obtenu une information par le biais des coups de langue, l’utilisation de via devient erronée ! Vous me suivez ? Toujours logiquement (mes très Sherlock), comme on clamera j’ai navigué sur LE Pacifique ou sur L’autoroute de l’information, je crois que l’emploi du déterminant devient légitime lorsqu’on utilise l’expression : naviguer sur l’Internet. Cela énoncé, je souligne qu’il ne faut pas faire une maladie de l’usage du déterminant, la plupart des grands gourous le considérant comme optionnel. Bref, une bonne logique, un coup de plume personnalisé et un choix juste, qui se marient au ton et au sens du texte, sont toujours des atouts sûrs pour stimuler le vibrato de notre langue patrie, surtout lorsqu’il s’agit d’expressions relativement nouvelles et d’une terminologie qui en demeure à ses premiers balbutiements, ne l’oublions pas. La langue française est l’aînée de la technologie contemporaine, et de beaucoup. Elle a (souvent ou parfois) la sagesse d’observer avant de se prononcer. Entretemps, l’usage et la règle, amants de longue date, entretenus par la nécessité, déterminent ses avenues. 7:48:30 PM Permalien À vos claviers [] |